Projet La Grave
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1966/67 : 1° stage infirmier à La Grave
Retenue
Bonjour
Voici concrètement décrite, l'affection que je porte depuis longtemps à la Grave :
Baccalauréat en poche, je suis rentrée à l'école d''infirmières, profession exclusivement féminine alors, accessible même sans le bac.
J'ai été affectée pour mon 1° stage à l'hôpital La Grave ; les élèves l'appelaient simplement 'La Grave' car dans nos esprits il s'agissait encore d'un hospice. Nous n'étions pas des 'étudiants en soins infirmiers' mais des élèves . Les études étaient courtes, deux ans seulement mais elles étaient intenses et sans congés scolaires : stage tous les matins de 8 à 12h et cours l'après-midi de 14 à 18h.
Ce 1° stage s'est déroulé en service de Dermatologie. une grande salle avec un passage central entre deux rangées de lits ; ceux-ci, 30, 40, voire 50 étaient très proches les uns des autres ; aucune intimité et pas de salle de bains.
Une religieuse de saint Vincent de Paul, coiffée d'une belle cornette amidonnée dirigeait ce service avec autorité. Une infirmière, peut-être diplômée ou seulement assimilée, je ne sais, l'aidait. C'était donc les stagiaires, toutes jeunes et inexpérimentées, qui assuraient les soins.
A peine sortie du lycée, la tête encore pleine de latin et de grec, je fus "jetée" dans cet univers insoupçonné. Des plaies corporelles ici, là, devant, derrière, en haut, en bas, des âges avancés, des personnes usées, des plaintes, voire des cris, de la mixité (ou pas, je ne sais plus), des hommes c'est sûr, de la promiscuité et ... des odeurs souvent insoutenables.... Bref! une cour des miracles, dont je me suis à peine rendue compte tellement nous étions débordées de travail : toilettes, lits, pansements, bassins, repas, pistolets... Nos activités s'enchaînaient sans aucun arrêt et bien sûr sans... lavages de mains ni matériel jetable.
Les médicaments étaient sous clés, jalousement gardés par la 'supérieure' et distribués avec parcimonie. Il fallait les quémander, insister, dérober même. Accompagner quelques malades à la messe et y assister soi-même facilitait l'obtention de quelque collyre ou pommade....
Les malades -on ne les appelait pas encore des patients- ne devaient pas mettre leurs mains sous les draps, je vous laisse en deviner la raison. Nous ne portions pas de pantalons comme les soignants aujourd'hui mais des blouses sur des bas ou des collants. Les passages entre les lits étaient très étroits et les lits étaient bas. Aussi, lorsque nous nous penchions vers un malade, nous attirions le regard du voisin et même parfois quelque geste déplacé.
1966-2019 ! Les années ont passé et nos sommes très loin de ces conditions de soin aujourd'hui où le confort, l'aseptie et les compétences sont de rigueur.
Néanmoins je garde un bon souvenir de la vie à La Grave ; la solidarité entre stagiaires était forte et nous avions appris à nous former en grappillant tant bien que mal savoirs, techniques et plus encore sans doute, à développer des qualités humaines.
Ce n'est que plus tard que j'ai découvert et apprécié le charme rustique des bâtiments et courettes. L'architecture de La Grave et la fameuse chapelle au toit de cuivre sont un joyau historique pour les toulousains et la ville.
Je suis ravie que l'Art puisse dorénavant investir ce lieu, garantissant ainsi l'ouverture d'esprit et la tolérance.
Le 07/05/2019 Thérèse Laporte-Riba
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