Concertation autour du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Site Patrimonial Remarquable
Participez à l'élaboration du PSMV !
De Frédéric Neupont : Ravalement des façades : blanchir ou pas ?
Habitant
Bonjour, Je voudrais revenir sur ce qui, à mon sens, constitue une vraie problématique identitaire à Toulouse : la brique en façade doit-elle être apparente ou cachée ? Cette question semble n’avoir jamais été définitivement tranchée, et la mise en place du PSMV pourrait être une bonne occasion de se pencher à nouveau sur ce sujet lourd d’enjeux pour une ville qui souhaite à juste titre valoriser son histoire et son patrimoine. Pour rendre plus lisible cette contribution un peu longue, je la diviserai en cinq parties : A -Toulouse ville blanche ? B -Toulouse ville rouge ? C - Légitimité historique D - Protection du matériau E - Stratégie d’identité et d’image A - TOULOUSE VILLE BLANCHE ? De récents ravalements de façades montrent que les services des Architectes des Bâtiments de France (ABF) et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) poussent au blanchiment de façades qui, dans leur appareil précédent (mais pas forcément d’origine), étaient en brique apparente. L’exemple le plus emblématique étant peut-être celui de la façade XIXème siècle du bâtiment connu sous le nom de « collège de Foix », rue Deville (cf. photo jointe). On a pu entendre M. le maire et d’autres élus s’exprimer à ce sujet et se référer aux ABF, qui naturellement font autorité, pour expliquer qu’historiquement Toulouse n’avait pas les façades en briques apparentes et qu’il s’agissait donc de retourner aux origines. On a pu également entendre M. Robert Marconis s’exprimer en ce sens lors de son intervention au premier forum « Toulouse patrimoine d’avenir » en 2015 (cf. cette vidéo entre les 51ème et 60ème minutes : https://www.youtube.com/watch?v=I-JYXRfx_bQ&t=3060s), et avancer que la volonté de rendre la brique apparente était une mode des années 70 et 80. Extraits : « Cette ville on vante sa brique, la construction en brique etc..., mais les Toulousains n'ont jamais aimé la brique, c'est un patrimoine qu'on se réinvente. La brique elle n'était pas cuite pour, sauf sur les monuments, être laissée apparente. La brique on la décorait un petit peu, mais pour l'essentiel des façades elle était crépie, badigeonnée, et ce n’est que progressivement qu’on a redécouvert la brique, en même temps qu’on redécouvrait dans les années 70, 80, la culture occitane […] cet engouement pour un patrimoine qui n'a jamais existé vraiment, mais qu'on se réinvente [...] » Une opinion partagée par l’architecte des bâtiments de France M. Éric Radovitch (cf. https://www.ladepeche.fr/article/2015/05/11/2102501-la-brique-a-ete-une-mode-des-annees-quatre-vingt.html) : « […] Nous nous sommes rendu compte que cela posait des problèmes d'infiltration d'humidité. Aux XVIIe et XVIIIe siècle les murs étaient conçus pour être enduits puis badigeonnés, pas pour être mis à nu. Nous avons également constaté que le fait de décrépir les murs uniformisait les façades mais masquait les cordons et les corniches. La brique a été une mode des années «quatre-vingts ». Mais Toulouse reste une ville rose, ne serait-ce que par ses toitures.» Divers arguments viennent soutenir cette idée de la brique non apparente, parmi lesquels : - les premières photos de Toulouse prises au XIXème siècle montrent une ville blanche. - l’étymologie de l’expression « ville rose », qui date des années 1900, ne se réfère pas à la brique qui n’était du reste pas apparente à cette époque, mais à une origine poétique d’abord, puis marketing ensuite. - des exemples de façades dont la brique a souffert d’avoir été dénudée ces dernières décennies, ne supportant pas le gel et la pluie, et favorisant ainsi l’infiltration de l’humidité. - Des ordonnances des capitouls du 18ème siècle obligeant au blanchiment des façades en brique dans le but « d’embellir et d’éclairer » la ville. Si on se limite à ces éléments alors Toulouse n’a pas le passé d’une ville à la brique apparente, sauf peut-être pour ses monuments, et l’aspect actuel de son centre-ville aux briques largement apparentes serait plutôt dû à un « folklore » inventé dans la deuxième moitié du XXème siècle pour valoriser une identité locale, occitane. B - TOULOUSE VILLE ROUGE ? Les historiens nous apprennent cependant que pendant des siècles la brique foraine fut un produit cher : au début du XIXème siècle on estimait que, sur leurs lieux de production respectifs, la tonne de brique foraine était deux fois plus chère que la tonne de brique de la Marne, et trois fois plus chère que la tonne de moellon (le moellon est de la pierre non équarrie). Mais si la brique était onéreuse, était-elle pour autant estimée au point d’être apparente ? Qu’en était-il avant cette fin de XVIIIème siècle où l’on sait que, complexés par leur brique, les Toulousains usèrent de chaux et de céruse pour la peindre en blanc et imiter le ton de la pierre ? Des éléments de réponse ont été apportés par les historiens. Voici quelques extraits de publications que j’ai pu trouver : - La maison médiévale en brique en France méridionale, par Alain de Montjoye,http://societearcheologiquedumidi.fr/_samf/memoires/hrseri2002/MONTJOYE.pdf: "Le temps est venu, je crois, d'affirmer, à l'encontre d'une opinion indûment ancrée encore, que là où elle paraît s'être imposée comme matériau unique ou quasi unique de la construction, la brique n'a pas été perçue comme vile et réservée au vulgaire. On n'en voudra chercher d'autre preuve que le nombre élevé de ces maisons fortes urbaines que la vieille aristocratie, non plus que la puissante et riche élite marchande ne dédaignèrent pas de se faire construire dans ce matériau.[...] Dans les villes où elle a été le plus complètement étudiée, à Cahors et à Toulouse, l'architecture des maisons, comme celle d'ailleurs des grands édifices de prestige tels qu'églises et palais, témoigne d'une véritable esthétique de la brique. Tout montre que les effets induits par l'usage de ce matériau ont été parfaitement maîtrisés et même recherchés et soigneusement étudiés. Ni à Toulouse, ni à Cahors, l'usage d'enduire les murs à l'extérieur ne paraît avoir eu cours, du moins au Moyen Âge." - La céruse et le blanchiment des villes de brique au milieu du XVIIIe siècle, par Valérie Nègre,https://tc.revues.org/217: "Dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle, les villes de brique du Midi de la France dont les parements étaient traités en briques apparentes ou en enduits et badigeons brun-rouge, virent au blanc. L'évolution du goût est à l'origine de ce changement spectaculaire. C'est en partie pour imiter la pierre que le blanchiment est imposé à Toulouse en 1783." - L'ornement en série, architecture, terre cuite et carton-pierre, par Valérie Nègre, Editions Mardaga, 2006 : "Or en Occident, les ornements sont le signe de la richesse et de la réussite sociale. On le voit à Toulouse où le traitement des parements subit trois révolutions en un siècle. Signe de richesse au début du XVIIIème siècle, laissée apparente ou peinte en rouge, la brique est perçue un demi-siècle plus tard comme un matériau pauvre [...]. Le "goût néoclassique" apporte avec lui une attirance pour les tons clairs qui rappellent la pierre et pour les ornements en terre cuite de la couleur du marbre. L'effet est spectaculaire, les villes à dominante ocre-rouge virent au blanc légèrement teinté d'ocre de rut ou de gris de perle. Avec cette couleur, c'est la parenté des villes du Midi avec les villes de l'Italie centrale que Stendhal voit s'estomper. Mais tout change à nouveau radicalement et presque simultanément dans les pays européens au milieu du XIXème siècle. Les anciens préjugés s'évanouissent, César Daly milite pour la brique apparente, John Ruskin préfère le torchis au stuc [...]" - À Toulouse : une culture originale, par Bruno Tollon, le patrimoine en brique, n°185 revue Monuments historiques, 1992 : "Le caractère des formats locaux doit retenir notre attention car il constitue l'élément distinctif de la brique toulousaine par rapport à son homologue du nord de la France. Il convient de remarquer que le Midi toulousain conserve les grands formats hérités de l'Antiquité romaine. Il s'agit là d'une donnée constante du XIIIè au XIXè siècle, et même jusqu'au XXème siècle, où elle passe pour un particularisme rétrograde.[...] Un autre caractère mérite d'être souligné : la nature même du matériau et ses grandes dimensions dispensent le constructeur de prévoir la distinction entre noyau et parement. Le mur dévoile en façade sa propre structure et la brique de construction constitue à la fois la chair et la peau de l'édifice. Ainsi la brique apparente a pu devenir une des données les plus courantes de la physionomie urbaine. On y vérifie comment d'une nécessité constructive - en ces pays privés de pierre - l'art du maçon a su faire une véritable esthétique. Tant il est évident que la couleur de la brique méridionale produit des effets bien différents de ceux que présente sa rivale nordique." - La brique rouge, une culture architecturale, par Bruno Tollon. La couleur des murs : la peau et le fard, n°38 Midi-Pyrénées patrimoine, 2014 : "[…] A l’extérieur, la brique apparente peut, elle aussi, bénéficier de protections : on prescrit pour elle des badigeons faits de brique pilée et d’huile de lin pour l’imperméabiliser. Insistons sur le fait que clients et maçons attendent des briques et des joints laissés apparents un effet de grille, effet à leurs yeux indispensable et caractéristique de la belle construction. Badigeons et crépis qui le font disparaître ne sont qu’un pis-aller, un cache-misère. […] Exemple de restauration problématique : l’hôtel d’Assézat, qui avait échappé au blanc de céruse au XIXème siècle, n’a pas eu plus de chance (NDLR que la place Nationale de Montauban) : les façades de la cour ont été, elles aussi, traitées sans tenir compte des marchés de construction. Tout se passe comme si, aux yeux des intervenants, la brique partout visible, entre les ordres d’architecture et les encadrements de baies, ne méritait pas cet honneur et imposait une correction. On peut en apprécier aujourd’hui le résultat : des parois blanchies, des pierres rougies au droit des colonnes pour gommer les harpes, sur la façade du côté gauche de la cour. L’aile du fond, dont les pluies ont lavé les badigeons intempestifs, est en passe de retrouver les vifs contrastes voulus par le dessin d’origine : il reste que les intentions du restaurateur (NDLR l’architecte des bâtiments de France des années 1990) demeurent peu compréhensibles et le résultat mitigé continue à passer pour une trahison." - Au XVIIIème siècle, le triomphe du goût à la grecque, par Marie-Luce Pujalte-Fraysse, au sujet du blanchiment de la façade de l’hôtel de Bonfontan en 1771, dossier Toulouse le caractère d'une ville, n°231 revue VMF, 2010 : "Le blanchiment de la façade relevait certes du souhait de singulariser l'édifice dans un paysage conquis à la brique, mais cette mesure traduisait aussi un souci esthétique. Elle pose en effet avec subtilité la question d'une mode exogène aux coutumes locales. Alors que la blancheur du lait de chaux renvoie aux modèles septentrionaux, le lait de chaux lui-même rend la maçonnerie homogène sans joint visible, et par là-même nie tous les effets plastiques qui faisaient l'essence même de l'architecture vernaculaire." - Une féconde architecture des temps de guerre, 1560-1590, par Colin Debuiche, au sujet de la construction du château de Laréole à la Renaissance, catalogue Toulouse Renaissance, direction Pascal Julien, 2018 : "[...] la culture visuelle des architectes et des tailleurs de pierre a engendré de remarquables inventions, en particulier en matière de polychromie. [...] A Toulouse, la brique était un matériau qui, depuis l'Empire romain, renvoyait à la solidité défensive mais aussi à une esthétique polychrome particulière, par son alternance rubanée avec la pierre, visible sur les vestiges des remparts romains chantés par Ausone. Ce choix d'un parement régulièrement bariolé constituait une référence recherchée à l'Antiquité locale, déjà prolongée dans les maçonneries romanes." Il paraît donc qu’antérieurement au blanchiment il y avait bien une tradition de la brique apparente à Toulouse, confortée par le soin apporté à la réalisation des joints à la chaux : joints pleins, joints carrés, joints coupés, la mode change selon les époques. En 1935 Georges Gromort pouvait relever que « Quand on parle des tons chauds et lumineux des façades du Midi, il faut souligner qu'elles les doivent pour une bonne part aux joints de mortier qui lient les assises entre elles et jouent un rôle essentiel dans l'aspect général. Ce réseau de fines lignes de mortier de chaux contribue à éclairer les façades et à créer des effets changeants selon les heures du jour. » C - LEGITIMITE HISTORIQUE S’il est avéré la réalité d’une Toulouse « blanche » à partir de la fin du XVIIIème siècle, les extraits présentés plus haut attestent également de la réalité d’une Toulouse « rouge » lors des siècles précédents, ou du moins de plus en plus rouge à mesure que la brique remplaçait le bois et le torchis comme matériau de construction (sans jamais cependant devenir hégémonique, à la fin du XVIIIème siècle un tiers des façades de Toulouse étaient encore en bois). Nous nous trouvons donc là devant deux traditions successives relatives à la brique toulousaine, chacune pouvant être considérée comme historiquement légitime. Deux partis peuvent alors être pris en matière de ravalement de façades : 1 - rétablir chaque façade dans son état d’origine, en fonction de leur époque de construction alterneraient donc dans les rues de la ville des façades rouges et des façades blanches. Notons qu’il faudrait alors en toute logique envisager de repeindre en blanc les façades de la place du Capitole, de la place Wilson, des quais Saget, et de bien d‘autres lieux emblématiques de Toulouse bâtis au XIXème siècle et peints en blanc dès leur construction. 2 - prendre le parti d’une des deux réalités historiques et l’appliquer à l’ensemble de la vieille ville, visant ainsi une sorte d’harmonisation dans une cité qui se distingue déjà par la grande diversité de style de ses façades. C’est la politique qui a été largement suivie depuis les années 70-80 en favorisant la brique apparente, et qui semble être remise en cause ces derniers temps. D - PROTECTION DU MATERIAU Du fait de la grande taille des fours, la cuisson des briques foraines n’était pas homogène. En fonction de leur emplacement dans le four certaines briques ressortaient assez cuites pour supporter le gel et la pluie, d’autres pas assez dures nécessitaient la protection d’un enduit. Cela donnait d’ailleurs lieu à toute une déclinaison bien documentée de qualités et de prix, allant même jusqu’à la commercialisation de briques sorties brisées du four. Si on comprend bien qu’un badigeon blanc puisse protéger les briques, cela ne veut pas dire pour autant qu’avant le blanchiment aucune mesure n’était prise à cet effet. Les briques peu cuites étaient protégées par une peinture brun-rouge, souvent de l’huile de lin ou de noix rougie, qu’il fallait renouveler tous les 5 à 10 ans. La dégradation des façades en brique apparente et leur mauvaise imperméabilité ne sont donc pas une fatalité, il suffirait d’appliquer les recettes du passé pour y parer. La tradition historique qu’on pourrait qualifier de « brique apparente » ne doit pas faire oublier qu’elle recouvrait deux pratiques : celle de la brique nue, sans aucune protection, réservée aux briques assez cuites pour résister aux éléments, et celle de la brique recouverte d’une couche de peinture rouge protectrice. Or l’amalgame est parfois abusivement fait avec la seule brique nue, conduisant à rejeter cette tradition pour défaut de protection des briques mal cuites. E - STRATEGIE D’IDENTITE ET D’IMAGE Si des raisons sanitaires et de sécurité publique ont été avancées pour expliquer la décision de blanchir la ville à la fin du XVIIIème siècle, il faut toutefois se souvenir que ce qui fut sans doute la principale raison de ce choix par les Toulousains a été un complexe d’infériorité apparu à cette époque vis-à-vis de la brique foraine. Ce complexe trouve ses racines plus d’un siècle plus tôt : au XVIIème siècle les auteurs classiques commencèrent à véhiculer l’idée que la pierre de taille était supérieure à la brique, un postulat qui finit par avoir valeur de pensée universelle et qui gagna Toulouse dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, aidé par l’influence centralisatrice croissante de Paris. C’est donc finalement un complexe venu de l’extérieur, engendré par des valeurs jusqu’alors étrangères à la tradition constructive toulousaine, qui fit que ce matériau qu’ils estimaient fort au début du XVIIIème siècle, les Toulousains en vinrent à vouloir le cacher et le blanchir à la fin de ce même siècle. Il est nécessaire de prendre cette donnée en compte pour établir une stratégie d’image valorisant le patrimoine architectural toulousain : favoriser le blanchiment des façades serait aussi, entre autres, remettre en avant ce complexe d’infériorité venu sur le tard et faire la part belle à des notions esthétiques longtemps étrangères au Midi toulousain, tandis que développer une vieille ville « rouge » en s’appuyant sur la brique apparente serait renouer avec les nombreux siècles précédents, ceux où l’art de bâtir propre à Toulouse avait le plus de force et d’originalité. N’oublions pas que c’est à la nature de la brique que l’on doit certains traits distinctifs du gothique méridional, c’est également à la brique – alliée à la pierre – que l’on doit la parure bi-chromatique rouge/blanc de bon nombre d’hôtels particuliers au fil des siècles, au sein desquels ceux de la Renaissance constituent une collection qui n’a pas d’équivalent parmi les villes françaises. On pourra se rappeler également que le blanchiment du XVIIIème siècle n’a pas transformé Toulouse en Bordeaux, bien au contraire. Les commentaires de voyageurs célèbres du XIXème siècle, tel Stendhal, illustrent qu’en perdant sa parure « rouge » la ville a perdu également sa personnalité et son charme. Loin d’être un « folklore » des années 80, il ressort des écrits des historiens que la brique était consubstantielle à l’originalité constructive toulousaine. L’exemple évoqué plus haut de la restauration de l’hôtel d’Assézat et du blanchiment de ses façades classiques montre que les ABF ont semblé parfois ne pas comprendre cet art de bâtir local, cherchant à le faire correspondre à l’image d’un classicisme à la française qui n’avait alors pas cours à Toulouse. Plus que la façade Lescot de la cour carrée du Louvre, pas si ressemblante à celles de l’hôtel d’Assézat, c’est bien plutôt dans des gravures du Livre 4 de Sebastiano Serlio qu’il faut rechercher les sources d’inspiration des architectes de l’hôtel toulousain (voir image jointe). Or ces gravures, bien qu’en noir et blanc, font la part belle à une polychromie qui était naturellement rendue à Toulouse par le jeu de la brique et de la pierre. Pour ce qui touche au sujet subjectif de la beauté d’une ville, le journal britannique The Guardian s’est fait l’écho en 2015 d’une publication d’un groupe d’étude cherchant à savoir ce qui rendait une ville attractive (« What makes a city attractive? », voir ce lien : https://www.theguardian.com/cities/2015/feb/10/what-makes-city-attractive). Parmi les 6 critères fondamentaux, le dernier mais sans doute pas le moindre est de la « rendre locale ». Autrement dit, les villes devraient embrasser leur caractère unique et éviter la similitude. Or qu’est-ce qui rend Toulouse unique, ou du moins rare, sinon sa brique foraine ? En matière d’image et de visibilité, le surnom « ville rose », quelle que soit son origine, est devenu qu’on le veuille ou non la signature de l’architecture de Toulouse. Qu’une marque aussi distinctive soit connue de l’ensemble des Français est une réussite incroyable à laquelle n’auraient sans doute pas osé rêver ses premiers promoteurs. Quelle autre ville française peut se targuer d’avoir un surnom aussi célèbre faisant référence à l’esthétique de son architecture ? Comment ne pas identifier là une image valorisante qu’il serait dommage de gâcher en affaiblissant sa réalité tangible ? Aussi compte-tenu des enjeux, je pense qu’il serait utile que la municipalité organise une table ronde entre historiens, services municipaux et ABF/DRAC, dans un esprit constructif où chacun pourrait présenter ses arguments et préoccupations et d’où peut-être pourrait sortir un consensus satisfaisant pour les intérêts de Toulouse. Note : lire aussi le dossier « La couleur des murs : la peau et le fard », n° 38 de Midi-Pyrénées patrimoine (été 2014).
Mis en ligne sur le site de Toulouse Métropole le 22/01/2019.
Liste des soutiens
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: